Sheida Soleimani in Libération

'Vert et Contre Tout' by Jérémy Piette
26 October 2018 Enduite de peinture verte à la va-vite, cette femme-alien ou femme-green allongée dans un décor morcelé, camouflage volontairement foiré, se fait marcher dessus, ballon et crampons, spécial domination macho, appuyant dans son dos, tandis qu’un jet lacto-séminal lui tombe également dessus…
 
Sheida Soleimani, 2022, 2018
 
Le travail de la jeune Sheida Soleimani - fille de réfugiés politiques persécutés par le gouvernement iranien au début des années 80 - mêle sculptures, photographies, films et divers autres collages, qui lui permettent d’extirper, comme une grosse boulette de papier sortie de la corbeille, un paysage froissé donc bien abîmé sous le poids des conflits géopolitiques. Entre autres, la corruption des pays exportateurs de pétrole (Opep) dont on voit ici fièrement les tuyauteries s’aligner dans un désert déchiré. Avec ce carnaval BDSM à la scéno foutraque, l’artiste irano-américaine trace les grandes lignes d’une mise en scène explosivement kitsch et obscène, où les raffineries de pétrole font couler autant de bile noire que de semence véhémente, où tout n’est que fric en vrac, et chic de choc, un monde fou comme disséqué en plusieurs petites strates de bêtise, tandis qu’aucun visage n’ose se tourner vers nous, probablement honteux, ou encore aveuglé, pour longtemps… [english translation] With green paint slapped all over her, this alien woman, sprawled out in a dilapidated interior, poorly camouflaged, is being walked over, ball and football boots - clear labels of masculine domination - pressing into her back, as a lacto-seminal stream cascades down onto her. The work of Sheida Soleimani - the daughter of political refugees persecuted by the Iranian government in the early 1980s - mixes sculpture, photography, film and various other collages, allowing her to extract, like a big ball of paper taken from the recycling bin, a crumpled landscape, crushed under the weight of geopolitical conflicts. Among others, the corruption of the Organization of the Petroleum Exporting Countries (OPEC) whose piping we see here proudly running through an empty desert.  With this wild BDSM carnival, the Iranian-American artist traces the outlines with an explosively kitsch and obscene hand, where the oil refineries cause as much black bile as vehement seed, where everything is just loose money, shock chic, a mad world that has been dissected into layers of absurd stupidity, while no face dares to turn towards us, probably ashamed, or perhaps blind, for a long time to come… 
26 October 2018
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